Après trois ans d’un procès ultra médiatisé, Harvey Weinstein a été reconnu coupable ce lundi 24 février 2020 du chef d’agression sexuelle et de viols à l’encontre de plusieurs femmes[1].

Ce procès a ouvert la porte à une prise de conscience collective au travers notamment du #MeToo initié par l’actrice américaine Alissa Milano qui appelle les femmes à ne plus se cacher, ne plus avoir peur mais au contraire partager les agressions dont elles font/ont fait l’objet au cours de leur vie que cela soit dans leur sphère privée ou publique.

Aucun secteur, aucune région ne sera épargnée par ce mouvement.

Rien qu’en Europe, on note qu’une femme sur deux a été victime d’harcèlement sexuel tandis qu’une jeune fille (18-29 ans) sur cinq a déjà fait l’objet d’harcèlement en ligne au cours de sa vie.

« Les statistiques disponibles sont effrayantes d’autant plus qu’il ne s’agit là que de la surface visible de l’iceberg ; les victimes étant encore peu enclin à se manifester publiquement » reconnait l’eurodéputé socialiste Marc Angel.

Le courage de ces millions de femmes ayant réagi et pris part au mouvement #MeToo aura toutefois contraint les autorités à réagir.

De multiples déclarations ont été faites au plus haut niveau politique. L’Union européenne s’est empressée de signer la convention d’Istanbul[2] sous la pression de la société civile et du Parlement Européen.

Trois ans plus tard pourtant, « les déclarations de premiers jours tardent à se traduire en acte » constate avec agacement le socialiste Marc Angel.

Le conseil et ses états membres sont aux abonnés absents.

Malgré les demandes incessantes du Parlement Européen et l’impulsion de la Commission Européenne, la ratification de la convention d’Istanbul bloque toujours au Conseil empêchant toute mise en œuvre au niveau européen d’une législation contraignante qui permettra à toutes les européennes d’être protégées en cas de violence ou d’abus sexuel à leur encontre.

Ce blocage n’est pourtant pas unanime. Seuls 6 états membres bloquent toujours le texte parmi lesquels la Bulgarie, la République Tchèque, la Hongrie, La Lituanie, la Lettonie, la Slovaquie et autrefois le Royaume-Uni.

Faut-il blâmer les pays récalcitrants et l’immobilisme des états ayant déjà ratifié le texte ou tout simplement miser sur l’arme financière européenne pour obtenir des résultats est-on en droit de s’interroger.

« Tout cela devra être discuté dans le cadre de la conférence à venir sur le futur de l’Europe. En matière de respect des droits humains, il faudra jouer carte sur table. L’Europe doit vraiment être beaucoup plus efficace pour protéger ses principes fondateurs sinon quoi je crains que cette maison ne s’effondre rapidement !» reconnait le député LSAP Marc Angel.

En attendant, « les socialistes maintiennent la pression face au conseil » promet le député socialiste Marc Angel.

« S’il le faut, tous les instruments du Parlement européen seront utilisés pour confronter les pays membres à leur immobilisme. Mon moteur au cours de ce mandat sera de rendre l’honneur à ces femmes qui ont pris le risque de s’exposer publiquement. Elles ont changé le cours de l’histoire. C’est notre responsabilité personnelle de politique de leur apporter des réponses concrètes » martelle le député socialiste Marc Angel.

[1] L’affaire Weinstein éclate aux États-Unis en Octobre 2017. L’un des producteurs les plus influents du cinéma américain est alors accusé d’harcèlement sexuel auprès de plusieurs dizaines de femmes au cours des 30 dernières années.

[2] La Convention d’Istanbul est le premier instrument international juridiquement contraignant offrant un cadre juridique complet pour la prévention de la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Elle définit plusieurs formes de violences contre les femmes, dont le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, le harcèlement, les violences physiques et psychologiques ainsi que les violences sexuelles. La convention prévoit plusieurs mesures de prévention de la violence à l’égard des femmes. Prise en charge et soutien, protection juridiques, procédures pénale et civiles en sont quelques exemples.