Le Semestre européen est un des instruments de coordination économique les plus importants au niveau européen[1].

Or, depuis plusieurs années déjà, des voix s’élèvent contre la politique européenne trop souvent axée sur la croissance et l’orthodoxie budgétaire laissant de côté l’investissement dans le capital humain pourtant essentiel au maintien de l’équilibre social en Europe.

Au nom de la stabilité budgétaire, les états mettent en place des politiques d’austérité pour revenir à l’équilibre. Tout y passe : des réductions salariales aux réductions des droits sociaux en passant notamment par l’accès aux soins de santé.

Ces réductions des dépenses publiques tombent au moment même où les systèmes sociaux ont au contraire besoin de davantage de ressources pour faire face à la crise sociale et écologique sur le terrain.

« L’approche purement mathématique de la droite néolibérale pour répondre aux effets de la crise de 2007 a été dévastatrice et contre-productive pour les citoyen(-ne)s. Elle a augmenté la fracture sociale, l’insatisfaction chez les citoyen(-ne)s européens qui peu à peu se sont tournés vers les discours simplistes des populistes européens à l’image de la lega italienne et consorts » reconnait le député socialiste Marc Angel.

Pourtant, « l’Europe aurait à gagner à changer de cap et percevoir le capital humain comme outil de développement durable », souligne l’eurodéputé Marc Angel.

« Augmentation du taux d’emploi, augmentation du PIB et stimulation de l’économie par une croissance de la demande intérieure sont autant de valeurs ajoutées tirées de l’investissement dans le capital humain » martèle le député socialiste Marc Angel.

C’est ce principe que les socialistes souhaitent voir émerger dans le semestre européen. Un premier pas a déjà été réalisé sous la précédente législature avec l’introduction du socle européen des droits sociaux dans le contexte du semestre mais il reste insuffisant.

Pour s’en convaincre, il suffit de revoir les recommandations publiées par la Commission Européenne ce 27 février 2020 dans le contexte du semestre. « Les dimensions sociale et environnementale n’y font actuellement office que de figurants. Or, c’est d’un rôle principal dont elles ont besoin pour atteindre les objectifs de développement durable auxquels l’Europe a souscrit » rappelle le député européen LSAP Marc Angel.

Pour faire face aux défis sociaux et environnementaux auxquels l’Europe est confrontée, il est crucial que ces enjeux soient par ailleurs correctement financés. Or, « la droite néolibérale a une attitude schizophrénique lorsqu’on en vient à parler argent », s’emporte le socialiste Marc Angel.

On ne peut à la fois concilier l’appel à des investissements massifs dans la lutte contre le réchauffement climatique par exemple et opposer simultanément – au nom de l’orthodoxie budgétaire – un veto aux états membres souhaitant investir dans ce secteur. « Un peu de cohérence ne ferait de tort à personne » assène-t-il.

Ainsi, les Socialistes et Démocrates au Parlement européen demandent une réforme de cet instrument, axant leurs recommandations notamment sur :

–           Une toute nouvelle approche pour le Semestre Européen, comprenant une stratégie pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable de l’ONU (SDG’s)[2] jusqu’en 2030

–           Un ensemble de nouveaux objectifs et indicateurs contraignants et non contraignants garantissant que les objectifs sociaux et écologiques sont au même niveau que les objectifs fiscaux

–           Une “golden rule” dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance excluant les investissements publics sociaux et environnementaux du calcul de la dette, ce afin de répondre aux objectifs de l’accord de Paris

–           La garantie d’un salaire minimum, et décent pour toutes les travailleuses et travailleurs européens afin de prévenir tout risque de pauvreté au travail ;

–           La garantie d’un logement à un tarif accessible pour tous via notamment des réformes empreintes des principes de solidarité et de justice sociale contenus aux traités européens

–           La garantie d’accès à des emplois de qualité pour tous en gardant un œil attentif aux groupes les plus vulnérables, femmes et personnes handicapées en première ligne ;

–           La garantie d’emplois de qualité pour nos jeunes en promouvant une éducation et une formation continue axée sur les métiers d’avenir au regard des enjeux sociaux et environnementaux actuels ;

–           Le renforcement de la négociation collective comme vecteur de progrès social et la nécessité de la stabilisation automatique des systèmes de protection sociale pour absorber les effets sociaux d’une éventuelle récession

–           Le respect de l’État de droit comme condition préalable nécessaire à l’octroi d’une aide provenant du budget européen

[1] Il s’agit d’un cycle de coordination des politiques économiques et budgétaires dans le cadre duquel les États-membres alignent leurs politiques économiques et budgétaires sur les règles et les objectifs arrêtés au niveau de l’UE. Il se concentre sur trois axes principales :

1) les réformes structurelles, qui visent principalement à promouvoir la croissance et l’emploi

2) les politiques budgétaires, dans le but d’assurer la viabilité des finances publiques conformément au pacte de stabilité et de croissance

3) la prévention des déséquilibres macroéconomiques excessifs ( https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/european-semester/ )

[2] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/